Je m’appelle Hakim Mohammed, j’aurai 27 ans en juin. Je vis à Vénissieux. J’ai un bac pro “maintenance des équipements industriels”.
J’envisageais de me spécialiser soit dans les ascenseurs, soit dans les engins. Ce sont deux choses qui me plaisaient. J’ai postulé à la mission locale de Lyon 3e. La conseillère m’a aidé à obtenir cette formation, malheureusement, il y avait pas mal de monde sur l’atelier de Lyon et j’ai dû aller vers Saint-Etienne, au SAV d’Andrésieux. J’adore la partie diagnostic ; il y a du suspense : comprendre d’où vient la panne, trouver des solutions pour y remédier…
Par contre, le trajet quotidien était difficile car je n’ai pas le permis, je prenais le train à cinq heures du matin pour arriver à l’heure. Après quelques mois, j’ai passé mon permis et j’ai pu y aller en voiture. C’était mieux mais ça restait fatigant. Puis des places sont libérées et j’ai réussi à intégrer l’atelier de Vénissieux. Là, tout a changé car on travaille sur des machines qui arrivent de l’usine et on monte des options en fonction de la demande du client, on fait du sur-mesure.
Par comparaison, le premier tuteur n’était pas très exigeant : si la panne était réparée, si ça fonctionnait, ça allait… Arrivé à Lyon, j’ai été un peu déboussolé car le neuf demande beaucoup plus de rigueur. Quand on monte des options compliquées, il faut garder en tête que le client doit les recevoir dans un état parfait. Souvent je pensais que mon travail était bien, mais quand mon chef d’atelier passait derrière, il me faisait des remarques. Il y a eu pas mal de querelles, les échanges étaient un peu rudes avec mon tuteur. Je vous avoue aujourd’hui, avec un peu de recul, que c’est lui qui avait raison : sur des machines neuves on ne peut pas se permettre la moindre approximation : neuf, c’est neuf, pas huit ! Heureusement, quand ça se passait mal, mon parrain était là. On discutait dans son bureau et vraiment il a toujours su trouver les mots pour me remotiver quand j’étais à deux doigts d’arrêter… Je ne regrette vraiment pas d’être resté !
Je garderai de bons souvenirs de cette expérience chez Caterpillar, même après les engueulades avec mon supérieur et mon chef d’atelier, tout ça c’est derrière. Je sais maintenant que quand on a tort il vaut mieux se taire, prendre sur soi, écouter. Il faut parfois admettre que les autres ont raison. Je pense que tout ça va m’aider plus tard, dans mon futur travail.
Étonnamment, sans m’en apercevoir, cette rigueur s’est répercutée dans ma vie de tous les jours, par exemple à la maison j’ai besoin que tout soit propre, ranger correctement. Avant quand quelque chose n’allait pas je disais : je ferais ça plus tard. Maintenant, j’agis tout de suite. Finalement l’atelier c’est aussi une école de la vie.
J’ai eu le diplôme, mais c’était tendu. J’ai eu de la chance, il y a eu pas mal de questions électriques et hydrauliques qui se rapportaient à mon bac pro précédent. J’ai eu une petite frayeur en début de semaine parce qu’apparemment on a confondu mon nom et on a donné le titre à une autre personne… mais tout est revenu dans l’ordre aujourd’hui. Bien sûr maintenant j’ai deux titres, mais ce qui est encore plus important pour moi c’est l’expérience acquise. C’est souvent ce que privilégient les entreprises, au-delà du diplôme.