“ Pour ces jeunes, seul le présent existe ! Prendre un engagement pour une formation qui ne démarre que dans 3 mois, c’est un risque réel. Seront-ils encore là le jour J ? Ils peuvent avoir rencontré une fille, claqué la porte de leur famille, vouloir retourner dans leur région d’origine… Leur vie se conjugue au présent, ce qui est parfois difficile à concilier avec un engagement dans la durée. Autre écueil que nous connaissons bien : ces jeunes sont excellents dans l’immédiateté, dans la relation à l’autre. Ils perçoivent très rapidement, de façon très intuitive ce que l’autre attend d’eux, ils se mettent facilement au diapason de ses désirs, mais quand il ne va plus s’agir de faire plaisir “à l’autre” (le salarié de bergerat, la DRH, les recruteurs…), mais de travailler pour soi, en rentrant dans une formation qui exige du travail personnel, ça deviendra plus compliqué. C’est dans ce sens que nous avons construit le projet pédagogique, le projet d’accompagnement, de tutorat, de parrainage : pour faire en sorte qu’il y ait un maximum de personnes en soutien et autour d’eux. Comme cette génération est faite de zappeurs, nous avons imaginé des séquences d’apprentissage très dynamiques, des interlocuteurs qui bougent les perspectives dans leurs relations avec eux. La meilleure manière de les ancrer dans la formation c’est qu’il y ait, à un moment donné, UNE rencontre, une relation décisive pour eux. Si le parrain, le tuteur, le compagnon d’atelier devient quelqu’un en qui ils ont confiance, alors nous aurons gagné, ils iront jusqu’au bout ! ”
NICOLE D’ANGLEJAN, en charge des projets sur la formation continue aux Apprentis d’Auteuil.